Chapitre 2 : Un autre monde
La première chose que Will vit, fut le nain devant lui. Il était plus grand que tout à l’heure ! Maintenant il lui arrivait en dessous de la poitrine tandis qu’avant, si il n’avait pas était sur le muret, il lui serait arrivé aux genoux. En fait, il ne ressemblait plus à un nain de jardin mais juste à un nain ou peut-être un lutin. Derrière lui se trouvait une forêt magnifique avec de gigantesques arbres. Leurs feuilles étaient de toutes les couleurs : jaune, orange, rouge, bleu, mauve, violet… Ca ressemblait plus à un arc-en-ciel qu’à une forêt. L’herbe était d’un vert tendre et paressait très douce. Le soleil était haut dans le ciel et éclairait ce magnifique paysage. Will était fasciné.
Lorsqu’il regarda à nouveau le nain, il n’était plus devant lui mais se dirigeait vers la forêt ! Will attendit, hébété par ce brusque changement d’environnement. Le nain se retourna, regarda Will qui n’avait pas bougé et leva les yeux vers le ciel. Il marmonna quelque chose dans sa barbe puis lui lança :
- Tu contes rester ici encore longtemps ? Bouge-toi un peu et suis moi !
- Mais ou allons-nous encore ?! demanda Will qui malgré son émerveillement, commencé à paniquer.
- Je t’emmène dans mon village.
- Votre village ? Mais…
Le nain ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. « Viens ! » lui répondit-il d’un ton sec. Puis il se dirigea vers les arbres de la forêt sans plus de cérémonie. Pourtant, Will ne bougea pas. Il se demandait ce qu’il convenait de faire. Il avait toujours rêvé d’un autre monde sans jamais vraiment y croire. Le seul monde dont il voulait bien reconnaître l’existence était l’imaginaire. Mais là… C’était loin d’être de l’imagination. A moins qu’il soit en train de rêver. « Oui, c’est ça…, pensa Will, je suis en train de rêver… » Mais la brise qui soufflait doucement sur lui, ainsi que la chaleur du soleil paraissaient tellement vrai ! Ce pouvait-il… qu’enfin de compte ce ne soit pas un rêve ?
Perdu dans ses pensées, Will sursauta lorsqu’il entendit à nouveau la voix du nain qui lui gueulé « Tu viens ?! ». Alors Will décida de ne plus réfléchir –du moins pour l’instant- et de suivre ce petit être qui semblait s’impatienter. Il le rejoignit juste derrière l’orée de la forêt. Lorsque le nain le vit arriver, il repartit d’un pas énergique. Malgré sa petite taille, le compagnon de Will marchait très vite et le garçon dû presque courir pour pouvoir rester derrière le nain. Mais au bout de quelques minutes, celui-ci sembla se fatiguer et ralenti l’allure ce qui permit à Will de se mettre à son niveau. Il brûlait d’envie de poser des questions mais lorsqu’il s’apprêtai à poser la première qui lui vint à l’esprit, le nain le devança et lui dit : « On arrive près de mon village. Tu vas rencontrer le chef. Tu devras le saluer. Mais pas n’importe comment ! Tu devras dire “Bontouoo Ciao” et tu feras ce petit mouvement de tête comme ça, dit-il en baissant la tête penchée vers la gauche pour finalement la remettre droite. Tu as compris ? demanda-t-il.
Will acquiesça, la gorge sèche et nouait. Il se demandait ce qui pourrait lui arriver si jamais il saluait mal le chef. Mais, là encore, il fut interrompu dans ses pensées. Non pas par le nain, qui continuait à marcher devant mais par le spectacle époustouflant devant eux. De petites maisonnettes rondes se trouvaient entre les espaces des arbres. De là où il était, Will ne distinguait pas en quoi elles étaient faîtes mais tout ce qu’il savait, c’est qu’elles étaient colorées ! Très colorées même ! Elles avaient les même couleurs que les feuilles des arbres ce qui les intégraient parfaitement dans le décor. C’était vraiment magnifique. Will en était bouche bée.
Lui et son compagnon arrivèrent enfin à l’entrer du village. Le nain entra dans le chemin qui semblait matérialiser par les maisonnettes, précédé de Will qui regardait tout autour de lui. A présent qu’il était entré dans le village, il voyait que les maisons étaient faites de terre et que des feuilles d’arbres multicolores étaient « incrustées » dans les murs. Les portes étaient arrondies et épousées parfaitement la forme des maisons. Chacune des portes étaient d’un bois différents et, sur chacune d’elles étaient gravés dans les coins du haut les feuilles, dans les coins du bas les fruits et au milieu l’arbre avec laquelle la porte avait été fabriquée. Ainsi sur une porte en châtaigner était gravé dans les coins du haut, les feuilles de l’arbre, dans les coins du bas était dessiné son fruit, des châtaignes et au milieu de la porte, trônait un magnifique dessin de châtaigner sculptait dans le bois.
Lorsqu’ils entrèrent dans le village, ils virent quelques nains marchaient le long du chemin. En voyant les nouveaux venus, et plus particulièrement Will, ceux-ci se précipitèrent presque tous en même temps pour les voir. Le compagnon du garçon grogna de mécontentement quand il vit la foule se précipiter sur eux. Will, lui, en était émerveillé. Des dizaines de nains se trouvaient autour de lui, lui souriant, le regardant d’un air avide et curieux. Will les observa chacun minutieusement, du coin de l’œil, pour ne pas paraître impoli. Il distingua tout de suite les plus jeunes. C’étaient ceux qui étaient les moins ridés, les plus excités – si c’était possible compte tenu de l’agitation et de l’excitation totale qui régnait –leur peau était beaucoup plus clair que celles des adultes et ils formaient un petit groupe distinct de celui-ci des adultes qui, eux, étaient tous mélangés sans distinction d’âges. Certains avaient la peau extrêmement ridée et d’un brun foncé tandis que d’autres ressemblaient au compagnon de Will. Quelques rides et une peau brune de la couleur d’une planche. Will en conclut que ceux à la peau foncée étaient les plus vieux. Ils marchèrent ainsi quelques minutes, qui avaient parues des heures à Will qui détestait être le centre d’attention, avant que la foule ne commence à se disperser.
Quand ils se trouvèrent devant une massive petite porte en chêne, Will sut immédiatement où ils se trouvaient. Il n’y avait pas de doute possible. Ils étaient arrivés devant la demeure du chef ! Will sentit son estomac se retourner et ses entrailles se levées comme un serpent à l’affût. Son compagnon l’invita à entrer d’un signe de tête.
« Tu ne viens pas avec moi ? demanda Will inquiet.
- Non. Le chef veut te voir TOI pas moi, répondit le nain. »
Will ferma les yeux et respira à fond pour retrouver son calme. Que pouvait-il craindre d’un nain après tout ? se dit-il pour se rassurer. Et il poussa la porte de chêne.
Pour passer la porte, il dut se baisser. De l’autre côté de celle-ci, il put à nouveau se redresser de toute sa hauteur. Lorsqu’il ferma la porte derrière lui et qu’il se retourna, toujours avec son nœud à l’estomac, il vit, au beau milieu de la pièce, un petit trône en bois de chêne et un nain dessus. Il s’approcha et refit les mêmes geste et redit les mêmes paroles que son compagnon lui avait montrer. Puis il attendit, un silence s’installant dans la pièce. Le chef regardait Will avec une insistance soutenue, ce qui ne faisait qu’accentuer le malaise et la peur de Will. Au bout de quelques minutes, le nain acquiesça et lui sourit. Will se détendit un peu. Mais le silence persistait. Alors, le vieux nain parla :
« Tu parles cette langue n’est-ce pas ?
- Oui, répondit Will qui fut étonné que sa voix ne tremble pas.
- Bien, bien… Comment t’appelles-tu ?
- Will.
- Bien Will… Cette nuit, tu dormiras au village. Demain, tu devras te lever à l’aube pour te rendre chez la Simâne. Tu partiras…
- La quoi ? ne put s’empêcher de demander Will.
- La Simâne. Je disais donc que tu partiras avec Glindwick Gorguay, celui qui t’a amené ici.
- Mais pourquoi m’avez-vous amenez ici ? demanda Will abandonnant toutes formes de prudence. Est-ce que… Est-ce que je rêve ? »
Le chef des nains soupira et regarda Will d’un air mélancolique et malicieux à la fois.
« Je ne peux, hélas, répondre à aucune de tes questions. Je devine que tu t’en poses encore un bon nombre d’autres… Mais seule la Simâne pourra y répondre. Je suis désolé. Maintenant, il faut que tu ailles te reposer. Envoie-moi Glindwick. Il faut que je lui parle. Attend-le devant la porte, tu dormiras chez lui. »
Will acquiesça et sortie pour rejoindre Glindwick. Celui-ci l’attendait devant la porte en sautillant d’un pied sur l’autre. Lorsqu’il vit Will sortir de la maisonnette, il se précipita vers lui et lui demanda :
« Alors ? Comment ça c’est passé ?
- Euh… Will ne savait pas quoi répondre. Après tout, il n’avait rien appris de plus en allant voir se chef. Tout ce qu’il savait c’est qu’il devait aller voir une Simâne –qu’est ce que c’était ce truc !-.
- Il veut te voir ! répondit Will.
- M-me voir ? demanda le nain étonné et tout à coup inquiet.
- Oui !
- Bon j’y vais.
- Il m’a dit de t’attendre car je dormirai, apparemment, chez toi.
- Ah bon ? grogna le nain. Bien. Attend-moi alors. » Et il entra dans la maison du chef.
Will s’assit à côté de la porte et réfléchit. Il se sentait perdu dans cet endroit et avait l’impression de n’être qu’un simple pantin. Il ne pouvait rien décider seul et il devait se fier à ses petites créatures. Will avait peur et il ne savait pas quoi faire. Que faisait ses parents en ce moment ? S’inquiétaient-ils de la disparition de leur fils ? Avaient-ils appelés la police ? Même si c’était le cas, il ne le retrouverait jamais, ici ! Et pourquoi l’avait-t-on amené dans ce monde ? Pourquoi lui ? Est-ce qu’il rentrerait chez lui ? Quand ?
Will se posait tant de questions. Mais il ne trouvait de réponses à aucunes ! Soudain, la porte s’ouvrit et Glindwick en sortit, l’air sombre.